Solo show | Antoine Conde
Exposition
27.03.2025 — 03.05.2025
YOU LEFT A MARK ON MY SCREEN
Vernissage
27.03.2025 — 17h
Le souvenir n’a jamais quitté l’esprit d’Antoine Conde. Enfant, devant son vieux téléviseur, s’il avait le malheur d’appuyer sur le bouton pause de la télécommande, il risquait de fixer l’image dans l’écran cathodique, et d’y laisser sa trace pendant plusieurs jours. Ironiquement, depuis, Antoine Conde a pris l’habitude de mettre sur pause séries, films pornographiques, programmes de télé-réalité pour en réaliser des captures d’écran, dont il a constitué depuis une immense bibliothèque numérique : l’intensité d’un regard, la gracilité d’une silhouette, l’harmonie d’un objet… Désormais, les nombreux détails qui attirent son attention ne le quitteront plus, méticuleusement classifiés dans des dossiers. “YOU LEFT A MARK ON MY SCREEN”, semble-t-il aujourd’hui leur dire avec gratitude.
Car ces milliers de captures forment aujourd’hui la matière première de ses œuvres graphiques, dont il expose un nouvel aperçu dans sa première exposition personnelle à la DS Galerie. Sur Photoshop, l’artiste les entremêle dans des compositions poétiques, sortes de collages où se rejoignent nombre de visages en gros plan, de corps toujours fragmentaires, d’éléments du quotidien et de paysages croisés lors de ses pérégrinations numériques. Mais là où l’écran de l’ordinateur met le corps à distance, Antoine Conde l’embrasse à nouveau lors des heures passées à reproduire soigneusement ses collages à la main. L’écran devient le papier, le papier devient comme la peau. L’image, soudainement, reprend vie.
Lors de ce corps à corps avec la feuille, l’artiste dote ses poèmes visuels d’une matérialité et une sensualité nouvelles. Avec son crayon, sa gomme et ses doigts, l’artiste recrée des effets de texture, de relief et de profondeur. Ici, les muscles et la toison pubienne d’un torse masculin sont retranscrits avec autant de minutie que les pétales d’une marguerite ou la dentelle d’un ruban. Les halos de lumière et les gouttes d’eau qui perlent sur une peau nue éclairent les nuances de gris de leur blanc éclatant. On croirait presque pouvoir toucher ces différentes surfaces, exposées frontalement sur la feuille comme plaquées sur une vitre, dans des plans souvent très rapprochés sur leurs sujets.
Diplômé des Arts Décoratifs et des Beaux-arts de Paris, Antoine Conde a d’abord fait ses armes dans la réalisation vidéo, développant un regard aigu sur le montage, le cadrage, la mise en scène. Aujourd’hui, des corps ultra désirables des pornos gays vintage aux vues d’un Beverly Hills fantasmé croisées dans l’émission Real Housewives, en passant par le visage de Britney Spears, l’artiste s’intéresse particulièrement à ces scènes et archétypes d’une culture visuelle populaire souvent dénigrée, qui livre pourtant selon lui les expressions parmi les plus authentiques et spontanées de notre humanité. Dans les œuvres exposées ici, les regards impudiques, les émotions brutes et les visages d’éphèbes au bord de l’orgasme se mêlent désormais à des symboles plus romantiques, convoquant inévitablement une double lecture érotique : sucettes, étoiles, colliers de perles. Et bien sûr les nœuds, fil rouge de ce nouveau corpus, devant lequel on ne peut qu’observer le réveil instinctif d’une mémoire collective, indubitablement charnelle.
Texte par | Matthieu Jacquet
Après des études à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Antoine Conde termine son parcours aux Beaux-Arts de Paris dont il est diplômé en 2024. Il grandit à Corbeil-Essonnes et se tourne très jeune vers la littérature, le dessin et le cinéma qui représentent pour lui une échappatoire, un voyage immédiat en dehors de son environnement. C’est en arrivant à Paris qu’il entame une production plus importante dans laquelle il garde toujours un regard tendre sur les lieux et événements qui l’ont forgé. Son travail s’articule entre dessins et installations, c’est dans les livres et autres récits qu’il puise son inspiration. Plus d’infos